Tut me dit que tout, ici, a été bâti avec des équations, les immeubles, la voiture dans laquelle nous sommes, tout. Et les gens ?, demande-je. C'est une plaisanterie de ma part, mais la réponse n'en est pas une. Les gens aussi, me dit-elle, en baissant la tête pour que je ne puisse pas voir son sourire. Veux-tu voir les miennes ? Il est encore trop tôt, lui dis-je, et je ne doute pas que tes courbes... Tut pose un doigt sur mes lèvres, et fouille dans son sac à main. Elle en sort un livret épais, plastifié, avec sur la couverture son nom et sa photo. Elle en feuillette les pages, qui apparaissent remplies de chiffres et de formules. Elle s'arrête sur l'une d'entre elles, et me tend le livret. Lis-moi cette page, ce sont mes seins, dit-elle. Je la regarde. Je lis, à haute voix : Seins, unitaire. Piriforme. y= quartic {< 4, 0, 0, -4, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 1, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 1, 0, 0 >}. Si tu modifies un seul de ces paramètres, même de façon infime, ils changeront de forme, me dit-elle. Ils n'en ont pas besoin, ils sont parfaits, dis-je. Tout le monde change et se change, ici, il y a même une bourse aux paramètres, je t'emmènerai, si tu veux, me répond-elle. Je tourne les pages du livret, étrange bréviaire mathématique, et, de cardioïde callipyge en malléoles quartiques, l'après-midi s'écoule dans la lecture paisible des équations de Tut. J'en arrive aux organes internes quand Tut me reprend le livret. Cela devient un peu trop intime, me dit-elle en riant, tu n'est pas censé