Elle s'éveilla, 45 secondes avant la radio, comme d'habitude. Elle repoussa les couvertures, et contempla le corps de son amant, bien qu'elle ne pût rien voir d'autre que le contour de sa poitrine, à contre-jour sur la lumière grise filtrée par les rideaux. Elle laissa ses doigts jouer à l'aveugle, cherchant les reliefs émoussés de la cicatrice, sur le côté gauche, entre deux côtes, là où son épiderme était toujours sensible. Mais il ne se réveillerait que si elle appuyait trop fort. Elle avait déjà vu ces marques, sur d'autres hommes. Elles étaient souvent plus discrètes, à peine une ligne blanche, comme l'impression fugace d'un ongle sur une peau tendue. Peut-être l'avait-il souhaité ainsi, une empreinte bien visible pour garder un souvenir de son acte, et de ce qu'il avait désiré pour elle. Mais il ne lui parlait jamais de l'opération. C'était un lieu privé dont elle était exclue. Mais qu'il y avait-il à savoir ? Une petite partie de lui, un morceau inutile, jetable, avait été séparé de son corps pour être transféré ailleurs. Elle ne le posséderait jamais en entier, voilà tout.
Alors, sous l'emprise d'un rêve, il se retourna, et elle dût enlever sa