Oyonale - Créations 3D et expériences graphiques
PosterToutes les annéesImages de 2003Image 1200x1200 Famille (jour) Famille (jour) - panorama 360° (Java) Famille (jour) -  panorama 360° (QTVR) Famille (nuit) (détail) Famille (nuit) (détail) Famille (nuit) (détail) Famille (nuit) (détail)

Famille (nuit)
Famille (nuit)


Née orpheline, elle créa sa propre famille. Les méthodes qu'elle utilisa doivent être tenues secrètes, car elles sont illégales. Le marché de l'occasion n'aurait jamais dû être accessible à une enfant de huit ans. Quoiqu'il en soit, une mère, un père, un petit frère, un chat et deux oiseaux entrèrent un jour dans sa vie, tout équipés des attributs standards de la parentèle ou de l'animal familier.

Ils se trouvaient fort démunis. Leurs rôles sociaux et affectifs étaient pilotés par des mémoires erronées ou effacées en partie, qui ne leur donnaient que des indications vagues, quand elles n'étaient pas contradictoires. Le chat n'était pas propre. Papa aimait l'odeur de Maman, mais aurait préféré qu'elle fût une girafe. Maman fouillait la maison à longueur de journée pour trouver du fil, dans l'espoir de tisser une toile pour attraper des mouches. Elle essaya d'ailleurs de dévorer Papa après leur premier accouplement. Petit Frère flottait dans les pièces comme une méduse en agitant les bras. Et les oiseaux voulaient faire ami-ami avec le chat, se croyant eux-mêmes du genre félin. Il fallut quelques mois pour que la famille commence à prendre ses marques et à ressembler à quelque chose.

La gamine, cependant, vivait l'aventure de sa vie. Une vraie famille à soi valait bien toutes celles de la télévision. C'était tellement plus drôle à observer qu'une colonie de fourmis dans un bocal. Elle avait des vrais gens à qui donner des ordres et avec qui elle pouvait jouer, qu'elle serrait dans ses bras quand ils lui plaisaient, ou qu'elle châtiait en cas d'échec. Dans son journal, elle notait au quotidien leurs progrès et leurs rechutes. Petit Frère ne parvint jamais à se débarrasser d'une haleine légèrement salée.

De tout le lot, ses parents étaient les plus rétifs à l'apprentissage. Ils avaient la lourde tâche de l'aimer, de s'occuper d'elle, de l'éduquer et de subvenir à ses besoins. Elle avait conscience que cela ne venait pas naturellement à tout le monde, même aux vrais parents. Elle leur fit lire des guides. Elle leur fit suivre des cours d'art parental. Elle les emmena dans des parcs d'attraction, pour leur montrer des exemples idéaux de conduite familiale. Elle consacra beaucoup d'énergie à les faire s'aimer mutuellement, car il était acquis que seul