Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Il n'est ni amant, ni ami, ni parent, ni collègue. Rien à faire de lui. Rien. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Est-ce que je le connais ? Est-ce que j'ai des souvenirs de lui ? Pourquoi devrais-je me souvenir de lui ? Donnez-moi une raison, une seule. Vous ne pouvez pas. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Vous dites que je le connais, mais avez-vous une preuve ? Montrez-moi des photos. Vous ne pouvez pas. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Les gens disent que je devrais le connaître. Eh bien non. Les gens disent que je fais un blocage. Eh bien non. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Je n'ai pas reçu de carte quand il est né. Je ne l'ai pas vu apprendre à parler, apprendre à marcher, apprendre à être un homme. Ma vie ne serait pas différente s'il n'existait pas. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Il y a des gens, des professionnels, pour s'occuper de personnes comme lui. Ils connaissent tous les trucs. Ils savent y faire. Pas moi. Je ne suis pas qualifiée. Je n'ai pas demandé ce travail, je n'ai pas passé l'entretien. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. Il n'a pas de chance en ce moment. Et alors ? Ils sont des millions comme lui. Et je devrais les aimer tous ? Vous voulez que je me sente coupable ? Causez toujours. Trouvez-vous en une autre. Je n'en ai rien à faire, dit-elle. J'ai déjà donné. A quoi ça m'a servi ? Je n'en ai rien à faire, dit-elle. J'ai le droit d'être indifférente. J'ai le droit d'être égoïste, égocentrique, insensible. J'ai le droit de marcher les yeux grands fermés, le droit de porter des