C'est temporaire, TEMPORAIRE, je vous le répète. Il n'en pouvait plus de marteler ses phrases, sa gorge lui faisait mal. Les autres continuaient à hurler, à lui balancer leurs pancartes sous le nez. Sur l'une d'entre elles, il se voyait représenté nu, asphyxié dans un bocal. Pas "bocal", se rappela-t-il à lui même, je ne DOIS pas employer ce mot. Le bon mot est préservatif. Ce sont des préservatifs, pour préserver. Du verbe PRESERVER. C'est moi qui ait inventé le mot, c'est moi. Les autres le rappelaient à l'ordre, avec leurs pancartes idiotes. Il reprit son monologue. C'est temporaire, je vous le promets, temporaire, nous enlèverons les bocaux (encore raté, tant pis), définitivement si tout danger est écarté, ou pour les remplacer par une solution technique plus satisfaisante. Il s'arrêta. Ca ne servait à rien. Une pancarte, puis deux, puis trois, sifflèrent au dessus de sa tête et allèrent rebondir derrière lui sur la maquette au 1/10e du préservatif que les agents du Ministère tentaient d'installer sur tous les pommiers du pays. La maquette, en verre epoxy comme son modèle, résistait parfaitement aux chocs, aux infiltrations, à tout. Et lui qui avait pensé convaincre les opposants par sa démonstration du filtre à air/CO2. Une pluie de projectiles, maintenant. Des bocaux, des vrais, éclatèrent sur la tribune. Marre de faire le bien des gens à leur place. Il battit en retraite, sans même tenter de récupérer la