Cette image a été réalisée avec POV 3.02 (version isosurfacique de Ryochi Suzuki). Les murs sont un assemblage de boîtes plates dont la surface a été perturbée par un bruit aléatoire tridimensionnel. Les femmes nues et chauves ont été conçues avec Poser. Les hublots ont été dessinés par des fonctions mathématiques appelées les Grilles d'Isadora, du nom de la seconde fille du mathématicien anglais Charles Babbage. Moins connue que sa s'ur Ada, qui gagna la célébrité en inventant le premier langage de programmation connu, Isadora était fascinée par les applications artistiques des mathématiques. Son ?uvre a été redécouverte assez récemment : le lecteur pourra consulter à ce sujet la biographie due à L. Warren Gotschalk, (Les Espaces d'Isadora, publié en 1987 par Gauthier-Villars Ed., avec une préface de Benoît Mandelbroot). Isadora Babbage, qui ne se maria jamais, passa toute son existence à voyager, collectionnant les équations comme d'autres les timbres ou les pièces de monnaie. Elle fut longtemps renommée pour sa science du calcul mental, à tel point qu'elle passa deux ans aux Etats-Unis (1890-1891) à se produire sur scène dans les tournées de Barnum & Bailey's. Ce qui échappait complètement au public, ainsi qu'à l'ensemble de ses contemporains, était sa capacité surhumaine à visualiser graphiquement les fonctions mathématiques qui lui venaient à l'esprit. Bien sûr, ce don n'était ni spectaculaire ni amusant, et le style de motifs qu'elle produisait n'était pas au goût de l'époque, toujours friande de fleurs et d'angelots dorés. Elle ne parvint jamais à trouver un éditeur pour son Compendium de l'Art Mathématique, une somme de 1500 pages abondamment illustrée. Des morceaux épars et maladroitement remaniés apparurent ça et là dans des magazines pour jeunes garçons (Fun & Fiction, The Boy'Herald), accompagnant des récits de ce qu'on n'appelait pas encore la science-fiction. En 1892, la Société Royale de Mathématiques lui demanda de prononcer un discours à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de son père. Elle accepta, à la condition sine qua non qu'une de ses publications fut intégrée au numéro hors-série du journal de la Société. Les membres de la SRM hésitèrent longuement, avant d'accepter, de façon quelque peu condescendante. Après tout, avoir un papier signé Babbage, même s'il ne s'agissait que d'une Babbage, et une excentrique en plus, était une sorte d'honneur. En dépit de sa faible diffusion, l'article d'Isadora Babbage, avec les dizaines de formes étranges et tourmentées qu'elle appelait ses Grilles, lui valut un début de célébrité en forme de culte. Au tournant du XXe siècle, Isadora recevait dans son petit appartement londonien un flot grandissant d'admirateurs, poètes, peintres, musiciens et suffragettes, lesquelles la revendiquaient comme une des leurs. En 1904, à 72 ans, elle fut invitée par Marie Curie, alors récente Prix Nobel, à venir parler à l'Académie des Sciences de Paris. Isadora n'arriva jamais à l'Académie. Elle fut renversée par un tram en traversant le boulevard Saint-Germain, et mourut sur le champ. Elle fut enterrée au Père-Lachaise. Sur sa tombe, toute simple, est gravé son nom, ainsi qu'une de ses Grilles. Vous pouvez la trouver deux rangées à l'Est de la tombe de Jim Morrison. Le dessin montre une sélection de Grilles publiées dans l'article de 1892. De haut en bas et de gauche à droite, on peut voir le l'Oeil du Fou, la Vague Sage, l'Hypnotiseur, le