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Le repaire
Le repaire


Et maintenant, il nous faut l'attraper. Notre moral est remonté à fond. Toutes les souffrances passées, les camarades laissés sur le bord de la route, les tornades, les maladies, les avocats, tout n'est plus qu'une brume de souvenir, un film de poussière. Il est là ! A dix mètres au-dessus de nos têtes, caché dans un renfoncement du mur. Seule dépasse sa queue écaillée. Elle s'agite, pour nous narguer, car il sait que nous sommes ici. Après ce que nous avons vécu, ce devrait être simple. Une petite bête à saisir et à fourrer dans un sac. Les textes disent autrement, bien sûr, mais ce ne sont que des textes. Leurs auteurs n'ont pu résister à la tentation de faire de la dernière épreuve la plus difficile, la plus génératrice de catastrophes. Ces gens-là devaient bien justifier une progression dramatique. Nous sommes modernes et informés. La pince télescopique que nous charrions depuis le début se déploie lentement, sa base bien assise dans le sol rocheux. Nous l'arrêtons à cinq mètres, pour des essais. Avant, arrière, demi-tour, ouverte, fermée, tout fonctionne. Nous montons en parallèle un filet en mailles de Kevlar, qui viendra se plaquer sur le trou. A l'époque, il fallait y aller soi-même, en équilibre sur un échafaudage, et mettre la main. Au cours des siècles, des dizaines de héros y sont restés, par morsures, ou par chutes, le plus souvent. Notre seule crainte, aujourd'hui, est qu'il ne se blesse en voulant nous échapper, malgré les textes qui le disent invulnérable. Nous avons quand même placé un tapis au sol. Un dernier essai, associant la pince et le filet, et le bras télescopique reprend son ascension. Là-haut, la queue s'est arrêtée. Elle disparaît dans le trou. Nous sommes tranquilles, les textes ne prévoient pas de sortie de secours. Enfin, nous le voyons. Il nous regarde ! Ses yeux verts sont éblouissants, dans tous les sens du terme, mais la pince y sera insensible. Encore une