Mon mari a trouvé un travail à la fabrique de chaussures. Il fait les semelles ou parfois il met les lacets dans les boîtes. Mes grands enfants vont à l'école. Moi je reste pour m'occuper des plus petits, et pour la maison. Il y a toujours à nettoyer ou à laver, ou à acheter, ou à réparer. L'après-midi, je vais voir si Mme Jenka, du deuxième étage, veut aller au marché avec moi. En général elle peut, mais parfois son mari rentre tôt et elle doit s'occuper de lui. Je n'ai pas beaucoup de temps à moi. Quand j'en ai, je lis des almanachs, ou je regarde par la fenêtre. Je me demande toujours à quoi servent ces grandes roues. Elles sont si grandes que l'on peut les voir de partout, même depuis la place du marché qui pourtant est entourée d'immeubles encore plus hauts que le nôtre. J'ai posé la question à mon mari quand nous sommes arrivés ici et il ne m'a pas répondu. J'ai posé la question à Mme Jenka, et elle m'a dit qu'elle avait posé la question à son mari et qu'il ne lui avait pas répondu non plus. Elle pense qu'il ne sait pas mais qu'il ne veut pas l'avouer. Moi je pense qu'ils savent mais qu'ils n'ont pas le droit de le dire. Toute la journée, les roues tournent, et les chaînes qu'elles tirent font un bruit épouvantable. Au début, j'ai cru devenir folle, et les enfants pleuraient. Je me suis