Quand le bruit s'est arrêté, nous avons tous eu un réflexe nerveux, une décharge électrique. Nous savions que le moment était venu, mais nous nous sommes tassés dans notre nid, les oreilles tendues, le poil humide de sueur, sans bouger. La chaleur, imperceptiblement, s'est mise à monter. En quelques heures, le nid est devenu intenable. Nous avons du surmonter notre peur, sortir, comme prévu. Nos routes habituelles n'avaient pas changé, nos odeurs croisées étaient toujours là, rassurantes. Nous avons suivi les tuyaux sud, où il fait toujours frais, près des cachettes que nos oncles et tantes ont remplies de nourriture, juste avant notre naissance, il y a trois semaines. Nous avons hésité. Nous nous sommes décidés, puisqu'il le fallait. Nous sommes allés, enfin, au ventilateur, à la petite chambre étroite des contes, celle qui o?uvre sur le monde. Nous nous sommes couchés près des pales immobiles et muettes, attendant le moment. Dehors, les ombres nourricières de la cuisine, la lueur du réfrigérateur, l'odeur de la poubelle, les quelques mois de notre vie rongeuse s'offraient à nous. Tous ensemble, alors, nous nous sommes levés et nous avons franchi les