Nous brillons dans l'obscurité. Nous scintillons sous le soleil. Nous couvrons le corps du Maître, pour le servir et le protéger. Un forgeron nous donna notre forme et notre force, il y a bien longtemps. Plus froides que la mort, plus dures que l'acier. Mais n'oubliez pas : nous sommes à louer. Ecailles de fortunes. Fières d'appartenir à la Guilde des Armes Corporelles. Coquilles et carapaces, griffes et crocs, piquants et aiguilles mortelles sont nos frères d'armes, dispositifs passifs et actifs pour blesser ou pour éviter de l'être. Rares sont ceux qui nous méprisent, et qui ne comptent que sur leur talent à la course, ou sur leur nombre, pour assurer la continuation de l'espèce. Tout le monde aime le combat, le fracas des armures, la déchirure des chairs, le jaillissement du sang. La corne contre la peau. Le cuir contre la dent. Toute cette philosophie de la lutte et de la survie. Les autres Guildes peuvent bien se plaindre, mais qui rassemblent-elles, sinon des organes mous ? Vitaux, disent-ils, nécessaires à la reproduction. Et alors ? Où seraient-ils sans nous ? Il y a même cette nouvelle Guilde, qui se nomme elle-même la Guilde des Cerveaux, et qui voudrait nous exclure. Ils nous disent inutiles, dépassés. Et vous savez quoi ? Les Cerveaux ne font rien ! Ils ne font rien que PENSER, toute la journée. Parfois ils se fatiguent et se mettent à dormir. Ils ne sont que matière grise et laide, gluante et écoeurante. Ils ne digèrent pas, ils ne font pas l'amour, ils ne bougent même pas. Des petits coordinateurs locaux pour les autres Guildes, voilà ce qu'ils étaient, et maintenant ils se croient parvenus à un état de conscience supérieure. Oh, nous n'avons rien à craindre, assurément. Nous leur accordons quelques millions d'années, et ils rejoindront la Guilde des Organes Inutiles (qui se souvient de l'Appendice ?). Le temps les oubliera, tandis que nous, avec nos