Je suis descendue dans la cage pour la première fois voilà dix-huit ans. Tout le monde m'avait prévenu, tu n'en reviendras pas, c'est stupide. Voilà bien les gens, ils ont toujours raison pour les autres. Ma peau, c'est ma peau, je leur ai dit, et je suis descendue. J'étais jeune, j'ai pris l'ascenseur, j'ai payé le prix, et je suis entrée dans la cage. Vous le savez déjà, ce n'est pas vraiment une cage. Les barreaux n'existent pas vraiment, mais vous les sentez. Ils vous enserrent comme des vrais, ils vous protègent, et pour ce qu'on a à faire dans la cage, c'est vraiment utile. Je sais que beaucoup y sont restés et que les barreaux ne leur ont servi à rien.
J'ai toujours pensé que ceux-là avaient du commettre une erreur quelque part. Après dix-huit ans de cage, je sais ce que je dit. Quand vous êtes dans la cage, au début il ne se passe rien. Vous êtes dans le noir, c'est tout. Et puis peu à peu vous entendez un bruit. On dirait du papier que l'on froisse. Ce sont ceux du dehors qui se réveillent. C'est le pire moment, car vous savez qu'ils vont venir vous renifler, tester vos réactions, sans que vous puissiez les voir. Après, c'est presque plus simple, et croyez-moi si je vous parle de routine. Il y a trois choses à savoir pour les affronter avec succès, si vous voulez, comme moi, remonter à chaque fois. La première