Oyonale - Créations 3D et expériences graphiques
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Les murs ont des yeux
Les murs ont des yeux


L'argent aidant, l'expérience avait débuté dans l'euphorie. Tout le monde était d'accord, tout le monde avait signé. Tout le monde en était sûr : on mènerait ces idiots par le bout du nez. Ils s'étaient proposés de nous payer, grassement, pour nous regarder jour et nuit, épier nos battements de cils, compter nos mastications, peser nos mots, analyser nos souffles, et ce pour le grand bien de l'humanité. Qu'à cela ne tienne, on les aiderait, mais à notre façon. Nous leur ferions croire des choses insensées, nous nous inventerions des habitudes absurdes, des vies improbables. Naïvement, nous pensions faire rendre l'âme à tous ces systèmes de notations et à toutes ces grilles d'analyse dont ils nous avaient fait la démonstration enthousiaste. Nous emporterions cette expérience au diable, et eux avec, et nous serions riches.

Un mois plus tard, nous rasions les murs. Il n'était plus question de rire. Nous les sentions, nous les savions là, derrière, devant, tout autour de nous. Nous avions oublié la durée. Nous avions oublié qu'en l'absence d'un public visible, nous nous lasserions les premiers de nos petites farces stupides. Et nous pensions sans répit à eux, à ces voyeurs bien-pensants que nous imaginions ponctuant de commentaires ironiques ou distanciés nos attitudes intimes. Certains affectaient de les