Professeur Roberto Hafez, Limerick University, Department of Applied Mythologies. Extrait de la conférence donnée le 17 mars 1993 lors du colloque "Mythologies urbaines et péri-urbaines".
est typique, pour moi, de ce que j'appelle les mythes récupérateurs. C'est une construction purement intellectuelle qui ne fait qu'assimiler des mythes déjà connus sans se donner la peine de les réinterpréter, et sans que l'on puisse y déceler la moindre parcelle d'identité culturelle ou sociale. Il agit en quelque sorte à la façon de ces publicitaires qui récupèrent à des fins commerciales des concepts extérieurs : Zeus devient lessive, le karma vend des automobiles. Avec , on a tout au prix de gros : l'eau, la terre, l'air, le feu. Parlons-en, du feu ! Je n'avais pas prévu cet exemple, mais mon prédécesseur à cette tribune, qui s'est complaisamment étendu sur les rapports de avec les quatre éléments, me tend une perche irrésistible. Voilà donc qu'on nous présente une carte de tous les "Z-spottings'" en liaison avec des incendies. Ici, des dublinois imaginatifs voient de grands Z tracés dans la cendre après l'incendie de la presqu'île de Howth. Au Brésil, dans l'état de Roraima, les Z apparaissent dans les panaches de fumée. En Australie, dans le Queensland, ce sont des chasseurs de kangourous qui voient une mystérieuse créature nommée Z enflammer le bush. En Inde, plusieurs femmes refusent de s'immoler, invoquant une nouvelle divinité nommée Zanesha, et la carte des refus ressemble à un vague Z inversé. Je vous le demande, s'agit-il d'un mythe ou d'une simple paranoïa planétaire ? Toutes proportions gardées, les ravages du feu me semblent moins graves que les ravages de la crédulité, surtout quand cette dernière atteint d'honorables scientifiques. Quant à , s'il m'écoute, et s'il est dans cette salle, je le prierai de cesser ces manifestations identitaires puériles. Ou plutôt, devrais-je dire, cessons de croire en lui, et il retournera d'où il vient.
Gilles Tran © 2001 www.oyonale.com